Les premières incursions arabo-musulmanes en Ifrîqiyyah (Ibn Khaldûn)

Publié le par Muhammad Yahya Riahi

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Sous le règne du calife 'Umar Ibn Al Khattâb (qu'Allâh l'agrée), les musulmans conquirent plusieurs territoires importants aux dépens des Romains d'Orient (Byzantins) et d'Occident (Francs). Sur le front orientale, la Palestine et la Syrie furent prisent par les musulmans suite aux agressions romaines sur les terres arabes, tandis que sur le front occidentale, la Cyrénaïque et une partie de la Tripolitaine, frontalière de l'Ifrîqiyyah, tombèrent entre les mains des musulmans. Voyant que les musulmans ne cessaient de répondre aux incursions romaines en Terre d'Islâm par des batailles se soldant la quasi-totalité du temps par des victoires musulmanes, le roi d'Ifrîqiyyah fomenta quelques stratagèmes afin de tenter d'affaiblir et de repousser la présence arabo-musulmane des portes de son royaume. Ceci allait, inévitablement, se solder par une nouvelle lutte sanglante entre Romains et musulmans qui allait déboucher sur les premiers contacts entre les populations d'Ifrîqiyyah et les arabo-musulmans...

Voici ce que l'Imâm 'Abd Ur Rahmân Ibn Khaldûn (qu'Allâh lui fasse miséricorde) dit à ce sujet dans son Kitâb Ul Ibâr :

Avant l'avènement de l'Islâm, les Berbères d'Ifrîqiyyah et du Maghrib étaient sous la domination des Francs et professaient la religion chrétienne, comme les Romains. Commandés par 'Abdu Llâh Ibn Sa'd Ibn Abî Sarh, de la tribu des Banû 'Âmir Ibn Lu°ayy, les musulmans envahiren l'Ifrîqiyyah sous le règne de 'Umar (qu'Allâh l'agrée) en l'an 29 et infligèrent aux Berbères une défaite. Grégoire, roi des Francs établis en Ifrîqiyyah, dont l'autorité s'étendait de Tripoli à Tanger et dont la capitale était Sbaytla, rassembla tous les Romains et les Francs qui se trouvaient dans les villes de ce pays, ainsi que tous les groupes berbères et leurs chefs qui vivaient dans les campagnes. Ils étaient environ 120 000 lorsqu'ils livrèrent bataille aux musulmans qui, eux, comptaient alors 20 000 hommes. Les faits relatifs à la victoire que remportèrent les Arabes sont restés célèbres : la prise et la destruction de Sbaytla, la mort de Grégoire, roi des Francs, le butin et les femmes captives qu'Allâh accorda aux musulmans, dont la fille de Grégoire qui fut livrée à 'Abdu Llâh Ibn Az Zubayr (lequel avait ôté la vie à son père), en accomplissement de la promesse que lui avaient faite les musulmans après la défait des Francs, puis le départ de 'Abdu Llâh Ibn Az Zubayr pour Médine afin d'informer le calife et les musulmans de cette victoire.

Après leur défaite, alors que 'Abdu Llâh Ibn Az Zubayr était parti annoncer la nouvelle, les Francs et les Romains refluèrent vers les forteresses de l'Ifrîqiyyah, tandis que les musulmans se dispersaient dans les plaines où ils effectuèrent des raids [contre les garnisons de soldats assurant l'autorité romaine dans les villes et villages]. Ils eurent plusieurs rencontre avec les Berbères qui se soldèrent par de nombreux morts et prisonniers. Ils purent ainsi capturer le roi Wezmâr Ibn Saqlâb, ancêtre des Banû Khazar, qui était alors le souverain des Maghrâwah et de tous les Znâtah. Conduit auprès de 'Uthmân Ibn 'Affân [alors calife], Wezmâr embrassa l'Islâm par l'entremise de ce dernier. Le calife le traita avec bienveillance, lui accorda la liberté et l'investit du commandement de sa nation. Selon une autre version, c'est Wezmâr en personne qui se rendit auprès de 'Uthmân afin de lui prêter allégeance.

Les musulmans traitèrent les chefs berbères avec plus de générosité que les Francs ou toute autre nation, et continuèrent à exercer leur domination sur le pays. Les Francs demandèrent la paix et conclurent avec Ibn Abî Sarh un pacte en vertu duquel ils lui donnaient 350 quintaux d'or contre l'évacuation de leur pays par les troupes arabes. Ibn Abî Sarh accepta l'accord et les musulmans retournèrent en Orient.

Publié dans Histoire de la Tunisie

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