Abu-l-Hasan Al Qâbisî - أبو الحسن القابسي (m.403)

Publié le par Muhammad Yahya Riahi

Mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan

Mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan

Il fut l'un des grands Imâms et Saints de l'Histoire de Qayrawân. Célèbre spécialiste du hadîth, il est le principal transmetteur du Muwattâ° de l'Imâm Mâlik et du Sahîh de l'Imâm Al Bukhârî en Tunisie. Malgré son nom, il n'avait pas d'origines provenant de Qâbis (Gabès), mais bel et bien de Qayrawân (Kairouan). Son appellation de Al Qâbisî est dut au fait qu'il avait un oncle qui avait l'habitude d'ajuster ses turbans assez serrés, à la manière des habitants de Qâbis, différente du port traditionnel des Arabes, et qui était devenu célèbre pour ça à Qayrawân.

Dans son Tartîb Ul Madârik, Al Qâdî 'Iyâd Al Yahsubî (qu'Allâh lui fasse miséricorde) a dit à propos de notre noble Imâm : « Il apprit auprès de gens de l'Ifrîqiyyah comme Abu-l-'Abbâs Al Abyânî, Abu-l-Hasan Ibn Masrûr Ad Dabbâgh, Abu 'Abdu Llâh Ibn Masrûr Al Assâl, Abû Muhammad Ibn Masrûr Al Hajjâm, Darras Ibn Ismâ'îl Al Fâsî et As Sadrî. Il voyagea afin d'accomplir son hajj et en profita pour apprendre en Egypte et à La Mecque auprès de Hamzah Ibn Muhammad Al Kinânî, Abu-l-Hasan At Tilbânî, Ibn Abî Ash Sharîf, Abû Zayd Al Marwazî, Abu al-Hasan Ibn Hayawayh An Naysâbûrî, Abu-l-Hasan Ibn Abî Hilâl, Abu-l-Hasan Ibn Sha'bân At Tahhân, Abu-l-Hasan Ibn Hâshim, Abu-t-Tâhir Muhammad Ibn 'Abd Il Ghanî, Abu-l-Hasan Al Asyûtî, Abû Bakr Ahmad Ibn 'Abdu Llâh Ibn 'Abd Il Mu°mîn, Abû Ahmad Ibn Al Mufassir, Abu-l-Fath Ibn Burhûz et Abû Ishâq 'Abd Ul Hamîd Ibn Ahmad Ibn 'Îsâ. Et Abû Bakr Ibn Khallâd lui écrivait. Il avait une grande capacité de transmission et une vaste connaissance du hadîth, de leurs défauts et de leurs transmetteurs. Il était un faqîh, un spécialiste des fondements de la religion, un théologien et un magnifique écrivain. Il était un des grands ascètes épris de crainte d'Allâh. »

Et l'Imâm Shams Ud Dîn Ibn Khallikân (qu'Allâh lui fasse miséricorde) a dit de lui :

« Abu-l-Hasan 'Alî Ibn Muhammad Ibn Khalaf Al Ma'âfirî Al Qarawî et généralement connu sous le nom de Ibn Al Qâbisî, fut un éminent maître dans les sciences du Hadîth, leurs chaînes de transmissions et de tous ce qui est en rapport avec cela, et il jouissait d'une grande confiance concernant sa véracité [dans la transmission de ahâdîth].

Il composa un livre, intitulé Al Mulakhkhass, contenant tous les ahâdîth rapportés à travers une chaîne de transmission ininterrompue dans la version du Muwattâ° de Mâlik transmise par Ibn Al Qâsim. Cet ouvrage, bien que concis, est l'un des meilleurs en la matière.

Ibn Al Qâbisî naquit le lundi 7 Rajab 324 H. Il partit pour l'Orient le samedi 10 Ramadân 352 H. et fit son pèlerinage à La Mecque en 353 H, où il assista à l'explication du Sahîh Al Bukhârî par Abû Zayd [Al Marwazî Al Fashânî]. Il retourna ensuite à Qayrawân, où il arriva dans la matinée du mercredi 1 ou 2 Sha'bân 357 H. [...] Ibn Al Qâbisî mourut à la veille du mercredi 3 Rabî' Ul Âkhir 403 H, et fut enterré le lendemain après-midi à Qayrawân. Une foule de gens passa la nuit près de sa tombe, puis érigèrent des tentes aux alentours, des poètes affluèrent et récitèrent des élégies sur sa mort.

Lorsqu'il était d'un âge avancé, il avait l'habitude de réciter le vers de Az Zuhayr Ibn Abî Salma : « Je souffre des afflictions de l'existence, mais sache que celui qui a vécu 80 années éprouve indubitablement de la peine. » [...] » [Wafayât Ul A'yân].

Et mis à part son excellent Mulakhkhass Ul Muwattâ°, il écrivit un livre de 'aqîdah ash'arite intitulé Kitâb Ul I'tiqâdât, un livre recensant diverses invocations et leurs mérites intitulé Kitâb Udh Dhikr Wa Ad Du'â°, un livre sur l'enseignement intitulé Risâlat Ul Mufaddilat Il Ahwâl Il Muta'allimîn Wa Ahkâm Il Mu'allimîn Wa Muta'allimîn ainsi que le Ta°thur Ul Qâbisî Bi Risâlat Ibn Sahnûn Al Musammâh Adâb Il Mu'allimîn, et bien d'autres encore. Et Al Qâdî 'Iyâd a dit« Il était aveugle et ne pouvait pas voir du tout. En dépit de cela, ses livres figurent parmi les plus solidement composés, les plus précis et les mieux écrits. Ses livres étaient vérifiés en sa présence par ses plus proches compagnons. Celui qui fit des corrections dans ses feuillets lorsqu'il apprenait le Sahîh Al Bukhârî auprès de Abû Zayd à Makkah était Abû Muhammad Al Asîlî. »

Il fut un érudit digne d'éloges. Son brave compagnon, le Shaykh Hâtim At Tarabulsî (qu'Allâh lui fasse miséricorde), a dit ainsi de lui : « Abu-l-Hasan était un faqîh, un savant, un spécialiste du hadîth, scrupuleux, et composait avec peu de choses de ce bas-monde. Je n'ai jamais vu qui que ce soit parmi ceux de Kairouan penser qu'il possédait du savoir sans qu'ils ne s'assoient auprès de lui et apprennent de lui. Tous ont reconnu sa légitimité et personne ne renia son excellence. » Et l'Imâm Muhammad Ibn 'Ammâr Al Mayurqî (qu'Allâh lui fasse miséricorde) a dit aussi dans sa Risâlah : « Il était en avance sur son temps quant à son savoir, sa pratique, sa transmission et sa compréhension [de la science]. Il fut l'un de ceux qui pouvait pratiquer l'ijtihâd, figurant parmi les adorateurs et les ascètes. Sa prière était systématiquement exaucée. Il avait tros de qualités pour que celles-ci soient énumérées, il connaissait les fondements et les branches de la science, le hadîth et d'autres matières complexes. Abû 'Abdi Llâh Ibn Abî Safrâ le mentionna et dit de lui qu'il était un Imâm dans le domaine du fiqh. »

Et Al Qâdî 'Iyâd (qu'Allâh lui fasse miséricorde) a dit : « Abu-l-Hasan faisait partie de ceux qui craignent Allâh, des gens scrupuleux qui étaient célèbres pour voir leurs invocations exaucées. Il suivit la voie des maîtres parmi les juristes de Qayrawân dans un grand nombre de domaines, se contentant ainsi de peu dans ce bas-monde, pleurant beaucoup, avait ses invocations exaucées et en manifestait les signes. Un de ses compagnons rapporta à ce titre : « Quand Abu-l-Hasan entra dans son mihrâb, il ouvrit ses yeux qui étaient devenus tout rouge, recherchant la protection d'Allâh, et nous avons vu cela de nos propres yeux le concernant. Nous attendions l'exaucement de son invocation. Et il pouvait rester trois jours comme cela [à prier dans le mihrâb de la mosquée]. »

Al Qâdî 'Iyâd (qu'Allâh lui fasse miséricorde) dit aussi :

« Il y avait un chrétien à Al Mahdiyyah qui était le neveu d'un des amis intimes de Bâdîs Ibn Habûs, le gouverneur de Kairouan. Ce chrétien viola une fille descendante du Prophète. Quand les gens entendirent cette affaire, ils partirent à sa recherche et le tuèrent. Bâdîs entendit parler de tout cela et trouva toute cette affaire atroce. Il envoya alors le général en chef de l'armée à Mahdiyyah et dit : « Tuez ceux dont les épées ont été utilisées. Lorsque Abu-l-Hasan fut au courant de cela, il alla au mihrâb [de la Grande Mosquée Sîdî 'Uqbah Ibn Nâfi'] et commença à prier afin que le projet soit avorté. Quand le général eut atteint la forteresse de Miswâr, près de Al Mahdiyyah, il passa la nuit là-bas. Il se leva la nuit, alors ivre, marcha sur le toit, dérapa du bord et tomba sur sa tête au point que sa cervelle en sortit.

Un courrier apporta la nouvelle de cela à Bâdîs alors qu'il fut informé de l'invocation du Shaykh Abu-l-Hasan. Il fut effrayé par cela et ordonna à Ibn Abi-l-'Arab et son homme de main : « Allez voir le Shaykh ! » Quand ils frappèrent à sa porte et qu'il sut ce qu'il se passait, il leur dit : « Allez à la mosquée jusqu'à ce que les savants viennent à vous », car il ne voulait pas les faire entrer dans sa maison. Il s'y rendit donc également avec ses compagnons, Abû Bakr Ibn 'Abd Ir Rahmân, Abû 'Imrân Al Fâsî, Abu-l-Qâsim Ibn Al Katîb, Abû Muhammad Al Lawâbî, Abû 'Imrân Ibn Al 'Attâb, Al Khawwâs, Ibn Sufyân, Abû 'Abdi Llâh Al Mâlikî, Makkî Al Qurashî, les fils de Al Ahdabî, Ar Râbi'î, Ibn Samhân et d'autres. Il leur dicta alors une lettre qu'il avait écrit dans laquelle était dit : « Au Nom d'Allâh, Ar Rahmân, Ar Rahîm. Je cherche l'aide d'Allâh et je compte sur Lui pour tout secours. Le secours ! Le secours est de mise pour ce qui est arrivé aux musulmans concernant les décisions prisent contre eux. » Puis il parla de choses similaires à celles-ci, et il se trouvait une partie ensuite qui disait : « Comment celui qui croit en l'Islâm peut-il trouver légal de s'inquiéter du sang d'un mécréant qui a violé une jeune fille qui descend du Prophète Elu (ﷺ) ? Si les cieux et la terre s'étaient déchirés à cause de cet acte, cela aurait été bien peu de chose ! » Il s'agissait d'une longue lettre. Puis il dit à ses compagnons : « Quand vous serez à la mosquée, que celui d'entre vous qui possède une voie portante lise cela du haut du minbâr. » Ils s'exécutèrent et les générauxse dirent les uns aux autres : « Par Allâh ! Le seul véritable pouvoir existant est ce Shaykh ! ». »

Et Al Lubaydî rapporta également qu'un jour, les Imâms Abu-l-Hasan Al Qâbisî et 'Îsâ Ibn Thâbit Al 'Abîd se rencontrèrent, accompagnés de leurs disciples, et qu'ils discutèrent ensemble jusqu'à être gagnés par le sommeil. L'un des compagnons de l'Imâm Abu-l-Hasan se réveilla en pleine nuit et chercha à rentrer chez lui, mais il tomba sur des policiers qui lui firent des problèmes. Il insista sur le fait qu'il provenait d'une réunion avec le grand érudit Abu-l-Hasan Al Qâbisî et qu'il faisait partie de ses proches compagnons, mais c'était peine perdue : ils l'emmenèrent directement en prison et l'enchaînèrent, sans autre forme de procès. Un parmi ceux qui étaient à la réunion vit cela et en informa aussitôt l'Imâm Abu-l-Hasanî une fois réveillé. L'Imâm lui dit alors : « Va à la prison et fait le sortir, et place ta confiance en Allâh. » L'homme alla à la prison et put se rendre auprès de celui injustement arrêté, sans aucune opposition, mais il était solidement enchaîné et ne réussit pas à les lui enlever. L'homme retourna donc auprès de l'Imâm Abu-l-Hasan et lui informa de cet état de fait. Il lui dit alors : « Va le libérer avec un forgeron. » L'homme alla donc voir un forgeron, ils se rendirent à la prison, libérèrent le prisonnier et sortirent tous les trois, comme si de rien n'était. Pourtant, ils témoignèrent que les gardiens de prison les voyaient, mais ils ne firent absolument rien. C'était comme s'ils regardaient dans leur direction mais sans les voir, ou bien qu'aucun des gardes ne savait quoi que ce soit sur le problème en question et se fichait de la situation.

Tel fut ce noble Imâm de la Sunnah. Qu'Allâh l'agrée, fasse de sa tombe un jardin du Paradis et le réssuscite à l'ombre de Son Trône lors du jour de la résurrection. Et qu'Allâh lui accorde le Firdaws Ul A'lâ° par l'intercession de Son noble Messager (ﷺ). Allâhumma âmîn.

 

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