Statut légal de l'eau utilisée par des animaux (Sahnûn)

Publié le par Muhammad Yahya At Tijani

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Chapitre 3 de la Mudawwanah Al Kubrâ

Des ablutions faites avec de l'eau dans laquelle il y a des restes d'animaux et où un chien a bu

- Al Imâm Sahnûn Ibn Sa'îd At Tanûkhî -

Il (Ibn Al Qâsim) a dit : « J'ai interrogé Mâlik à propos de l'eau au sein de laquelle se trouvent quelques résidus provenant d'un âne ou d'une mûle, il répondit : « Il n'y a pas de mal [à l'utiliser]. ». »

Je (Sahnûn) demandais alors : « Quel est votre avis concernant d'autres choses qui seraient en contact [avec l'eau] ? » Il (Ibn Al Qâsim) répondit : « Ça et d'autres choses sont similaires. » Il dit aussi : « Mâlik a dit qu'il n'y a aucun mal à accomplir ses ablutions alors que de la sueur de cheval de trait, d'âne et de mûle s'y trouve. »

Et il a dit : « Mâlik a dit : « Et même si un récipient contient de l'eau qu'un chien a lapé. ». » Il dit aussi : « Mâlik a dit : « S'il accomplit ses ablutions avec et prie, cela sera valable. ». » Il dit aussi : « Il (Mâlik) n'était pas de l'avis stipulant que le chien était semblable aux autres [animaux]. » Il dit : « Mâlik a dit : « S'il (le chien) boit de l'eau dans un récipient alors qu'il a mangé un oiseau mort ou un quelconque autre animal, il (l'adorateur) ne doit pas faire ses ablutions avec [cette eau]. ». »

Mâlik a dit : « Si un chien lèche un récipient dans lequel se trouve du lait, il n'y a pas de mal à ce que ce lait soit bu. » Je (Sahnûn) dis : « Mâlik n'a-t-il pas dit : « Le bol que le chien a léché doit être lavé sept fois lorsque ce dernier lèche du lait ou de l'eau dans le récipient. » ? » Il (Ibn Al Qâsim) répondit : « Mâlik a dit : « Ce hadîth nous est parvenu mais je ne connais pas son authenticité. ». » [1]

Il (Ibn Al Qâsim) a dit qu'il était clair qu'il (Mâlik) considérait le chien comme un membre de la famille et non comme un animal sauvage ou un prédateur. Il avait coutûme de dire : « Si la personne lave [le récipient dans lequel le chien a bu], cela doit concerner le récipient remplit seulement d'eau », et il disait que [cette opinion] était faible. Il (Mâlik) disait : « Il n'a pas à être lavé s'il contient des matières grasses ou du lait, étant donné que ce qui a été léché de ces matières peut être tout de même consommé [par l'Homme]. Je trouve que c'est magnifique que cela fut destiné comme une faveur provenant des dons d'Allâh. C'est la part du chien, alors ce dernier la lèche. »

Je dis : « Êtes-vous d'avis que ces créatures qui mangent des charognes comme les oiseaux, les bêtes de proies, et les poulets, qui mangent des choses en décompositions, peuvent boire du lait [sans qu'on ait besoin de le jeter] ou non ? » Il (Ibn Al Qâsim) répondit : « Si vous êtes certain que tout ce qui se trouve en son bec est impur, alors il ne doit pas être consommé. Mais si vous n'avez rien vu dans son bec, il n'y a aucune objection à ce qu'il soit consommé. Ce n'est pas comme l'eau [utilisée pour les ablutions] car l'eau doit être jetée et les ablutions ne doivent pas être accomplies avec celle-ci. »

Ibn Wahb rapporta d'après 'Amr Ibn Al Hârith que Yahyâ Ibn Sa'îd et Bukayr Ibn 'Abdi Llâh Ibn Al Ashajj disaient tous deux qu'il n'y a pas de problème ans le fait que quelqu'un accomplisse les ablutions [avec de l'eau] contenant des résidues d'âne, de mulet et d'autres créatures [du même type]. Ibn Shihâb a dit la même chose sur ce sujet en ce qui concerne les ânes.

'Atâ° Ibn Abî Rabâh, Rabî'ah Ibn 'Abd Ir Rahmân et Abu-z-Zinâd dirent tous la même chose concernant les ânes et les mulets. 'Atâ° avait coutume de réciter, [pour légitimer son avis], la Parole d'Allâh (qu'Il soit exalté) disant : « Il a créé aussi les chevaux, les mulets et les ânes qui vous servent à la fois de montures et d'apparat... » [Sourate 16 - Verset 8]. Et la parole de Mâlik provient du hadîth de Ibn Wahb.

'Alî Ibn Ziyâd rapporta que Mâlik a dit à propos de la personne qui ferait les ablutions avec une eau qu'un chien aurait lapé puis qui prierait tout de même : « Je ne suis pas d'avis qu'elle doit recommencer la prière, même si elle apprend une telle chose dans le temps d'accomplissement de celle-ci. » Il (Ibn Al Qâsim) a dit : « 'Alî et Ibn Wahb transmirent de Mâlik : « Les ablutions [faites avec une eau] qu'un chien aurait utilisé  ne me plaise pas s'il ne restait qu'une petite quantité d'eau. Et il n'y a pas d'objection à émettre s'il s'agit d'une grande quantité d'eau, comme dans le cas d'une citerne dans laquelle se trouve beaucoup d'eau par exemple, ou bien n'importe quoi dans laquelle se touverait de l'eau en bonne quantité. ». »

Ibn Wahb rapporta d'arès Ibn Jurayj que le Messager d'Allâh (ﷺ) était allé auprès d'un bassin avec Abû Bakr et 'Umar, et que les gens à qui appartenait ce bassin dirent : « Ô Messager d'Allâh ! Les chiens et les bêtes de proie ont bu dans ce bassin. » Il dit alors (ﷺ) : « A eux ce qui se trouve dans leurs ventres et à nous ce qui reste, à savoir une boisson qui est pure. » Il me dit que 'Abd Ur Rahmân Ibn Zayd rapporta cela de Zayd Ibn Aslam d'après 'Atâ° Ibn Yasâr qui le rapportait d'après Abû Hurayrah qui le tenait du Messager d'Allâh (ﷺ).

'Umar a dit : « Ne nous arranguez pas, ô propriétaires de points d'eau, car nous arrivons après les prédateurs et ils reviennent ensuite derrière nous. » Ainsi, le chien est une bête plus gérable pour nous que le prédateur, et le chat est plus gérable que les deux, étant donné comment ils intéragissent avec les humains.

Ibn Al Qâsim a dit : « Mâlik a dit : « Il n'y a pas de mal si la bave d'un chien touche le vêtement de quelqu'un. Et Rabî'ah a dit aussi cela. ». » Ibn Shihâb a dit : « Il n'y a rien à redire si vous faites les ablutions avec une eau qui a été utilisée par un chien. »

Il (Ibn Al Qâsim) a dit : « Mâlik a dit : « Son gibier chassé est licite à la consommation, donc comment se peut-il que sa salive soit détestée ? ». » J'ai (Sahnûn) dis : « Si un poulet sauvage mange des saletés présentes dans une cage à oiseaux qui consomment des carcasses puis boit dans un récipient d'eau, et qu'ensuite quelqu'un accomplit ses ablutions avec [cette eau], il doit les refaire tant qu'il se trouve toujours dans le temps [de la prière en question]. Si le temps d'accomplissement est dépassé [avant qu'il ne se rende compte de l'origine de l'eau] qu'il utilisa, il n'a pas à les refaire. Cependant, s'il s'agit d'un poulet qui est confiné dans un enclos et qu'il y a d'autres types d'oiseaux dans la cage, tels que des pigeons et d'autres du même genre, l'accomplissement des ablutions avec de l'eau qui contient des résidus laissés par eux n'est pas répréhensible ? » Il (Ibn Al Qâsim) répondit : « Effectivement. »

Ibn Al Qâsim a dit : « Nous avons interrogé Mâlik à propos du pain restant de ce que le rat a mangé. Il répondit : « Il n'y a rien à objecter. » Nous avons ensuite demandé s'il fallait nettoyer l'urine du rat si elle tâchait un vêtement, il répondit : « Oui. ».» Il (Ibn Al Qâsim) dit : « J'ai interrogé Mâlik à propos du poulet et de l'oie buvant dans un récipient d'eau, et si l'on pouvait faire les ablutions avec cela. Il répondit : « Non, sauf s'il sont confinés dans un enclos dépourvu de pourriture, et il en va de même des oiseaux qui se nourrissent de carcasses. ». »

Ibn Al Qâsim a dit : « Ce n'est pas mon avis qu'il devrait faire les ablutions avec. S'il ne trouve pas une autre eau que celle-ci, qu'il fasse donc le tayammum s'il sait avec certitude que la volaille a mangé quelque chose de pourri. »

Mâlik a dit : « Si le poulet était confiné dans un enclos, il n'y a pas d'objection concernant ses résidus [qu'il laisse dans l'eau]. »

Je (Sahnûn) dis : J'ai interrogé Ibn Al Qâsim sur le point de vue de Mâlik concernant les crottes d'oiseaux et de volailles qui ne sont pas en liberté qui tomberaient dans un récipient au sein duquel se trouve de l'eau. Il répondit : « Tout ce qui ne souille pas un vêtement n'altère pas [la pureté de l'eau]. Une crotte d'oiseau tomba sur Ibn Mas'ûd et il l'enleva avec son doigt, d'après un hadîth que rapporta Wakî' de Sufyân Ibn 'Uyaynah d'après 'Âsim le rapportant de Abû 'Uthmân An Nahdî. »

Ibn Wahb rapporta d'après 'Amr Ibn Al Hârith que Yahyâ Ibn Sa'îd trouvait que les résidus laissés par le poulet étaient détestés. Ibn Wahb rapporta la même chose d'après Ibn Lahî'ah de Yazîd Ibn Abî Habîb concernant le poulet et le canard, et Al Layth Ibn Sa'd disait la même chose. Mâlik a dit : « Si [le poulet] se trouve dans un endroit où il mange des résidus laissés par des prédateurs, il n'y a rien de bon [dans ses excréments], tandis que s'il est dans un endroit où il ne mange pas des résidus laissés par des prédateurs, il n'y a aucune objection à faire [concernant ses excréments]. » Et il dit : « Hanzalah Ibn Abî Sufyân Al Jumahî a dit : « J'ai vu une goutte d'excrément d'oiseau sur Sâlim Ibn 'Abdi Llâh et il l'enleva en l'essuyant ». » ; rapporté d'après un hadîth de Ibn Wahb.

Fin de citation.

Note :

[1] Il s'avèrera par la suite que ce hadîth est bel et bien authentique et fut notamment sélectionné par Muslim dans son Sahîh. Par conséquent, cela prouve au minimum l'impureté de la salive du chien et donc impose une révision du fiqh mâlikî sur le sujet, comme le firent de nombreux spécialistes du hadîth mâlikites.

Publié dans Fiqh

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